Jonathan Colin habite la Beuille (l'ancienne ferme Marotel), il s'était manifesté en automne dernier lors de l'AG de la "Brûlerie du Sauceley" afin de faire sa première distillation avec les prunes récoltées dans sa propriété. Il était à la recherche d'un conseiller en la matière.

Jean Marie Manens s'est donc proposé pour lui distiller quelques conseils.

Naturellement, au préalable Jonathan avait ramassé ses fruits, bien mûrs, très proprement, comme conseillé : pas de saleté, pas de feuilles, pas de mousse. Il a mis ses fruits dans sa grange afin de les laisser faire tranquillement leur fermentation.

Ce samedi, il est venu à la première heure avec ses 90 kg de fruits et sa réserve de bois fendu assez fin.

Un feu aux vertus écologiques :

J'ai commencé par allumer le feu sous l'alambic à bain marie. Sous l’œil avisé de mon maître formateur, j'ai allumé mon feu à l'envers. En effet, j'ai mis le gros bois d'abord, le bois d'allumage, puis, à l'aide d'une boulette de bois pressé, j'ai allumé le feu par le dessus., c'est plus écologique, les premières flammes brûlent les premières émanations et particules. Le tirage se fait mieux. De plus, les flammes caressent de suite le fond de l'alambic et cela chauffe plus vite. Tous les résidus iront au compost.

L'allumage inversé, qu'est-ce que c'est ? C'est une technique d'allumage de votre poêle ou cheminée à bûches moins polluante, qui permet également une combustion plus progressive. Le principe est simple et similaire à l'allumage d'une bougie : le feu est allumé en haut de la pyramide de bûches et il brûle vers le bas.

Ensuite, c'est un véritable jeu de patience, il faut attendre, attendre : est ce que cela va bientôt couler, est-ce que le l'alchimie donnera un bon alcool ?

Tout à coup, cela goutte doucement à la sortie du refroidisseur de la vapeur d'alcool, puis un filet remplit mon petit pot. Je mesure, le taux d'alcool n'est pas très élevé, ça baisse rapidement, mais c'était normal, m'a dit Jean Marie. Cela s'est mieux passé à la deuxième cuite.

Les fruits de notre région ne rendent pas toujours beaucoup, car ils ne bénéficient forcément d'un bon ensoleillement et de l'eau nécessaire à une bonne maturité des fruits. Les litres d'alcool obtenus, je vais les laisser vivre dans une bonbonne, non bouchée, dans mon grenier afin de faire vivre l'alcool au gré des différentes variations de température. Seulement après, nous "l'arrangerons" avec mon formateur particulier !

Ce que je vais en faire ? Je pense que nous ferons avec ma compagne Léa, des apéritifs maison lors de journées festives afin de faire découvrir un produit local. Léa en usera certainement dans la pâtisserie et plus particulièrement pour faire son bon gâteau de saison. On fera peut-être un macérat avec de la propolis, c'est très bon dans les infections respiratoires et pour adoucir la gorge.

Bien sûr, j'en offrirai, en fin de repas de famille, pour conclure des instants de franche convivialité, avec modération !

Etes-vous satisfait de votre première journée de distillation ?



Oui, même si je suis quelque peu déçu du rendement, je suis prêt à renouveler l'expérience l'an prochain. C'est bien de garder les traditions locales, j'envisage même de créer mon verger en y plantant d'autres fruitiers, je crois qu'il y a une aide financière du département dans ce sens.

Suite au gel, à la grêle et à la canicule, pour la saison 2022/2023, il n'y aura que 3 ou 4 bouilleurs de crus pour venir à la "Brûlerie du Sauceley".