Si le patois semble tomber en désuétude, ce dimanche il était au cœur du rassemblement organisé par les patoisants des trois rivières.

En effet dés 9h, on se bousculait sous le préau pour prendre le café d'accueil offert par les patoisants. Bus et voitures arrivaient en nombre.

A 10 h 30, les cloches sonnaient le rappel, afin de diriger les fidèles dans une église pratiquement pleine de patoisants (Jura Suisse, Belfort, Xertigny, Vesoul, Frahier) et de fidèles de tous horizons (Val d'Ajol, Girmont, Luxeuil, Vesoul, St Etienne, Remiremont, Plombières, Fougerolles, etc), où les épinettes des Vosges de Pierre et de ses Marie égrenaient de jolis airs.

Pour certains, la tenue d'apparat était de rigueur. C'est alors que la cérémonie religieuse a commencé par le chant "qué tâs oeuvres sont bâles" en patois bien évidemment. Si l'abbé Leyval qui officiait ne s'est pas lancé dans cette langue romane, il s'en est excusé en formulant quelques phrases en patois.

C'est à Noël Galmiche qu'est revenu la lecture du mot d'accueil évoquant les difficultés rencontrées dans la pratique du patois, "une langue qui se perd, un peu comme la pratique de la foi. C'est un peu le même combat. Il faut se mobiliser pour sensibiliser, pour qu'on se souvienne, pour qu'il en reste une trace, que nos enfants sachent, nous nous devons de le parler le plus possible, et de mener encore d'autres actions."

Toute la messe a vu le patois présent dans presque tout le déroulement, un patois retranscrit en français sur feuillet et sur écran, à travers les lectures, psaume, chants, prières universelles. L'épinette des Vosges est encore intervenue à plusieurs reprises, cette association défend elle aussi un patrimoine que les années ont fragilisé.

L' Évangile, et le sermon de l'Abbé Leyval sur la famille, l'unicité "homme et femme", marquant la différence avec les nuances entre l'homme et la femme, la femme née de l'homme, etc. se sont faits en français. Les fidèles ont spontanément et avec cœur, entonné le crédo en latin, un clin d’œil à cette époque ou le latin était la règle, et ou on ne comprenait pas toujours bien ce que l'on chantait.

A la fin de la cérémonie, Del Daval, président des patoisants, a invité tous les fidèles à venir partager le verre de l'amitié sous le préau. Encore un bel exemple de convivialité, à l'image d'autrefois, où l'on prenait le temps d'aller à la messe, pour nourrir sa foi, mais aussi pour échanger, prendre des nouvelles. La vie en semaine à la ferme ne laissait pas de temps pour rencontrer ses voisins, alors le dimanche c'était sacré à tous points de vue.

Puisse cette image, de solidarité, de partage, de communion empreinte d'une grande reconnaissance à la famille, aux ancêtres, et où le chacun pour soi est banni, rythmer quotidiennement la vie de chacun. Vraiment cette messe en patois, à laquelle assistaient les autorités locales, maire et conseiller général, a soulevé une certaine dynamique !