Le 20 juin 1940, près de Corfaing, lors de la débâcle, Léopold Bechetoille et François Perrin trouvaient la mort, dans un combat qualifié de « nettoyage de bois par des groupes armés de mitraillettes et de grenades ».

Léopold Bechetoille originaire d'Ardèche, avait 27 ans et était papa de 3 garçons (le dernier avait 4 mois). Son corps a été enterré un dimanche après midi, aux côtés de celui de François Perrin. Tous deux appartenaient à la 10ème compagnie d'un régiment composé essentiellement d'hommes des bois : de bucherons de charretiers, originaire de la 4ème Armée.

Après cette mort qualifiée d'héroïque, Mme Bechetoille est venue au village en train, et autres moyens de communication, avant que le corps ne soit rapatrié.

C'était très compliqué, nous dira José, son fils en visite ce jeudi sur le lieu de décès de son papa. Mon grand père a fait ériger cette croix du souvenir. Je suis venu ici, il y a plus de trente ans. Mon plus jeune frère a été ingénieur à l'ONF, il a même été en fonction quelques années à Remiremont. Ma maman a fondé une association de défense des veuves militaires. Elle est décédée il y a 6 ans, à l'âge de 93 ans. J'ai passé ma vie active à Clermont Ferrand, mais, lorsque j'ai été en retraite, je suis revenu à Annonay (07) auprès de ma mère, où j'ai pu l'entourer de tous mes soins, lui évitant ainsi la maison de retraite.

Pour cette visite à la croix du souvenir, Jean Marie Manens maire a tenu à être présent, et s'était entouré de sa tante, Lucie Mathiot, née André, 91 ans, vice doyenne du Girmont.

Celle ci racontera : 'Tous deux sont passés chez nous la veille, on savait leur situation très risquée, on voulait qu'ils changent leurs habits on leur en aurait donné d'autres, civils, mais ils voulaient faire leur devoir jusqu’au bout. Mr Vannesson sergent chef, compagnon des hommes Bechetoille et Perrin, a réussi à se cacher dans des genêts là haut, puis dans notre champ de seigle aux Grévelots, il a vécu 6 jours chez nous, il est revenu nous voir par la suite, il m'a même remis une médaille que j'ai encore.

Ma famille a également accueilli Mme Perrin, et est restée très amie avec ses deux «neveu et nièce» qui viennent encore régulièrement. Ils font eux aussi le détour par cette croix du souvenir.''

Puis Jean Marie Manens a invité José Bechetoille et son épouse ainsi que Lucie Mathiot accompagnée de sa fille Paulette, a venir prendre un café en mairie.

C'est là que José Bechetoille a lu avec une grande émotion l'acte retraçant les circonstances de la mort de son papa. On peut rappeler les derniers propos du Lieutenant Bechetoille qui donnait la possibilité à ses hommes de troupe une dispersion possible et concluait par « Vive Dieu, Vive la Patrie ! »

Depuis la roue a tourné chacun a tourné les pages du livre de la vie, mais une blessure restera à jamais dans le coeur de toutes ces victimes de guerre.

La veuve de Léopold Bechetoille, a fait se rencontrer dans les années 1970, les membres de son association de veuves militaires français, et ceux des veuves de militaires allemands à Berlin : un beau geste pacifique.

José Bechetoille, très content du chaleureux accueil qu'il a eu au village, a poursuivi son pélerinage, en passant entr'autre, par Schirmeck.